Cartes de vulnérabilité

La méthode d’analyse de vulnérabilité utilisée ici a été élaborée par Thomas et Bleau (2012) dans le cadre d’un projet d’analyse de la vulnérabilité des communautés montréalaises situées sur la rive sud de la rivière des Prairies qui sépare l’ile de Laval et celle de Montréal. À l’aide de trois sous-indices, soit un indice de sensibilité sociale, un indice de sensibilité territoriale et l’indice de vulnérabilité, elle permet de mesurer la capacité d’adaptation des communautés potentiellement exposées au risque d’inondation. Elle se traduit sous la forme de cartographies réalisées à l’aide de systèmes d’information géographique (SIG).

Ainsi, la vulnérabilité se lit comme se suit :

Indice de vulnérabilité = (Indice de sensibilité sociale + Indice de sensibilité territoriale) – Capacité d’adaptation.

L’analyse de vulnérabilité revet une importance primordiale pour l’élaboration d’une stratégie d’adaptation. À cet égard, elle permet :

● Une sensibilisation des décideurs politiques et des acteurs du territoire aux vulnérabilités intrinsèques de leur territoire ;

● Une meilleure compréhension des risques ;

● Une visualisation des territoires les plus susceptibles d’être impactés par certains risques (ex, inondations) par leur incapacité à mobiliser les services et les ressources indispensables a leur adaptation (Hume, 2018) ;

● Une meilleure planification des territoires (Thomas, Gagnon, 2019).

Dans un processus d’aide à la décision, l’analyse des vulnérabilités et des risques est indispensable et fondamentale. C’est dans cette optique que cet outil de cartographie sert à alimenter les discussions avec les décideurs politiques, les acteurs du milieu et les citoyens qui partagent leurs visions du risque (Thomas, Gagnon, 2019).

Les méthodologies et analyses des cartes suivantes sont tirées du rapport de Hume (2018).

Cartes de sensibilité sociale

L’indice de sensibilité sociale analyse les caractéristiques socio-économiques des communautés. Basé sur des données ouvertes de recensement, l’indice contient des indicateurs socio-économiques visant
les personnes potentiellement vulnérables. Ces indicateurs sont catégorisés à l’aide d’une analyse statistique, soit une analyse en composante principale qui permet de déterminer des corrélations existantes entre les indicateurs choisis pour l’analyse pour ensuite les catégoriser selon leur degré de corrélation et de variance. La composante principale regroupe tout simplement une série de facteurs sous un titre général, voir à la suite. Ceci découle de l’indice de vulnérabilité sociale réalisée et popularisée par Cutter et al (2003). L’objectif de cet indice est d’effectuer une analyse multi-échelle de la sensibilité sociale et de les cartographier.

Cartes de sensibilité territoriale

L’indice de sensibilité territoriale repose principalement sur les travaux de D’Ercole et Metzger (2009) qui ont associé ce type de vulnérabilité aux enjeux majeurs se trouvant sur un territoire susceptible d’accentuer et de propager la vulnérabilité face à un risque de catastrophe sur un lieu exposé à un aléa. L’objectif de l’indice est de répertorier les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement d’une ou de plusieurs collectivités ou celles d’intérêt socioculturel et de les cartographier sous forme de carte de densité. L’approche de Thomas et Bleau (2012) ayant réalisé un recensement des infrastructures majeures sur le territoire analysé, a été retenue pour sa simplicité et sa possibilité de mettre en évidence des densités d’infrastructures critiques qui, si endommagées, provoqueraient un effet domino sur la vulnérabilité d’une communauté directement touchée de même que sur une communauté limitrophe affectée indirectement.

Cartes de capacité d’adaptation

L’indice de capacité d’adaptation inspirée de celui de Thomas et Bleau (2012) reflète les aptitudes des individus au sein d’une communauté à faire face aux risques de catastrophes, de s’en rétablir rapidement et de l’améliorer suite à un événement perturbateur. Ainsi, l’indice a été réalisé principalement avec des données socio-économiques ainsi que quelques-unes issues du rôle foncier. Par exemple, les auteurs utilisent le pourcentage des aires de diffusion vacantes. Celui-ci s’appuie principalement sur les travaux effectués par Cutter et al. (2008) et Cutter, Burton, et Emrich (2010). Confrontée à l’indice de capacité d’adaptation, la somme des indices de sensibilité a permis de cartographier l’indice de vulnérabilité totale sur le territoire de la MRC de Memphrémagog. Cette démarche s’avère essentielle au diagnostic du territoire car elle permet également d’orienter les actions futures visant à réduire la vulnérabilité (Hume, 2018).

Résultats

Cartes de vulnérabilité

L’indice de vulnérabilité, dite totale, est une agrégation des indices de sensibilité sociale et territoriale ainsi que de l’indice de la capacité d’adaptation. Plus précisément, la capacité d’adaptation est soustraite des deux indices de sensibilité puisqu’elle diminue effectivement la vulnérabilité des populations et de leur territoire (Thomas et Bleau, 2012). L’indice est construit similairement à celui de la sensibilité territoriale dans la mesure où elle est représentée par un maillage prédéfini de 200 mètres sur 200 mètres. Ce maillage correspond à l’empreinte de l’indice de sensibilité territoriale auquel on ajoute l’indice de sensibilité sociale. À cet égard, les aires de diffusion sont superposées au maillage de la sensibilité territoriale pour mettre en commun les caractéristiques socio-économiques aux infrastructures se trouvant sur le territoire à l’étude. Par la suite, la capacité d’adaptation y est ajoutée à titre d’effet de mitigation. Les résultats de l’indice de capacité d’adaptation sont ainsi soustraits à l’agrégation de la sensibilité sociale et territoriale, selon l’équation qui résume succinctement les relations entre les différents indices utilisés. Cette approche permet d’avoir une vision holistique de la vulnérabilité sur l’ensemble de la MRC de Memphrémagog. Ceci permet de mettre en lumière les secteurs dans lesquels se trouve non seulement une densité de population vulnérable, mais également où se situent des densités d’infrastructures critiques qui sont indispensables aux communautés tant locales que régionales (Hume, 2018).

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Crédit photo: Marco Bergeron